Carnet
Haut-Bailly, Terroir Innovivant.
Le millésime 2023 du Château Haut-Bailly s’est vu de nouveau placer sur le podium des Grands Crus Classés de Bordeaux.
Il y a beaucoup de raisons à cela, sur bien des plans – la chance ou le hasard n’ayant guère de place ici.
L’une de ces raisons tient à ce que l’équipe présidée par Chris Wilmers et Véronique Sanders est soudée autour d’une vision commune, quotidiennement nourrie d’échanges fructueux grâce à l’intelligence collective, qui est la marque de fabrique du Château. Les clés du succès reposent avant tout sur l’alchimie entre un terroir extraordinaire, au sommet de sa croupe légendaire, et une équipe tout entière dédiée à la production d’un ‘vin de lieu’ qui l’exprime, le sublime et le magnifie année après année, quels que soient les aléas climatiques ou les fluctuations de marché.
Au cœur de cette vision commune, s’ancre un fort esprit d’innovation déployé sur l’ensemble du domaine et fondé sur la philosophie japonaise ‘Kaizen’. Une philosophie d’amélioration continue qui s’appuie sur une analyse profonde de nos pratiques afin d’en dégager des voies d’innovation techniques et environnementales tout en s’intégrant dans un respect profond du terroir et du vivant.
C’est ce que nous nommons ici : Innovivant
Une Responsabilité Sociétale & Environnementale assumée :
biodiversité renforcée, impact carbone limité, santé publique protégée
Sur le volet environnemental, pour l’ensemble de ses actions et décisions, l’équipe suit en permanence trois critères-clés : la préservation et le développement de la biodiversité sur l’ensemble de son territoire viticole, le bilan carbone et le respect des consommateurs, des riverains et des collaborateurs.
Des progrès sont toujours possibles, et nécessaires, chacun y travaille chaque jour.
Pour cela, l’innovation est un levier essentiel de la performance en termes de responsabilité environnementale et sociétale et peut s’illustrer via deux actions significatives.
Notre chai est un modèle de sobriété énergétique et son toit végétalisé un îlot de biodiversité (chaque buisson y regorge d’insectes). Cette biodiversité s’étend également sur les 39 hectares de vignes : rien qu’en 2023, 6000 nouveaux plants d’érables, de charmes, de tilleuls, de micocouliers, de noyers, de chênes, d’ormes disséminés sur deux kilomètres et demi sont venus offrir de nouveaux refuges aux 53 espèces d’oiseaux de Haut-Bailly recensées avec la Ligue de Protection des Oiseaux (alouettes lulu, canards, grives, gobemouches noirs, hirondelles, linottes, merles, mésanges, moineaux, pinsons, rossignols, rouges-gorges) ou encore pas moins de 19 espèces différentes de papillons, 13 de libellules et des milliers de chauves-souris (dont les rares Petit et Grand Rinolophe et Barbastelle d’Europe) voltigent dans la propriété.
Côté vignoble, avec le Bakus de Vitibot, le robot électrique qui passe dans les rangs et travaille sans cesse dans les vignes, le domaine réduit sensiblement son empreinte carbone, tout en libérant ses vignerons de tâches répétitives et chronophages.
Chacun vit le territoire comme partie d’un écosystème plus large, dont tous sont co-responsables, et chacun se vit comme un acteur majeur de protection pour un large éventail d’espèces, depuis les insectes et les plantes jusqu’aux oiseaux et aux mammifères. C’est un point sur lequel Chris Wilmers, Président du Conseil de Surveillance de Haut-Bailly et Professeur d’Ecologie, au département d’Etudes Environnementales à l’Université de Californie à Santa Cruz, insiste volontiers en mettant au centre de la réflexion des équipes l’étude des relations entre l’ensemble des organismes vivants et leur environnement.
Les équipes reconnaissent qu’elles font partie d’un écosystème mondial qui évolue rapidement, et cherchent donc à minimiser l’empreinte carbone des pratiques viti-vinicoles.
Un Chai certifié ‘Haute Qualité Environnementale’ (HQE)
Le Chai de Haut-Bailly a reçu le label HQE, mention ‘Excellent’, récompensant son bilan positif en termes :
– d’économies d’énergie : enterré, le chai nécessite peu ou pas de climatisation.
– de gestion de l’eau et des déchets, avec la collecte et la réutilisation des eaux de pluie: Laure Gasparroto, du journal Le Monde, écrivait récemment que le chai de Haut-Bailly constituait « un exemple mondial d’adaptation au changement climatique ».
– de confort de travail des équipes du chai : fonctionnement gravitaire, optimisation de la gestion des flux, meilleure ergonomie technique, gestion de la température des 54 cuves de fermentation régulée par informatique et « tracée » par écrans etc.
Enfin, la médaille d’argent a été attribuée au jardin surplombant le chai lors des Victoires du Paysage en 2022 pour sa parfaite intégration environnementale.
Une conduite innovante de la vigne : connaissance parcellaire, recherche permanente et observation approfondie
Haut-Bailly cultive sa différence, fidèle au style intemporel qui est la signature de ses vins.
Les vignerons sont curieux de tout, ils testent beaucoup, évaluent sans cesse mais, réfléchis de nature, tempérants, ils ne se précipitent jamais. Haut-Bailly voue un culte rationnel au progrès mesuré et continu, fondé sur la science et non sur la doxa, la croyance ou l’idéologie dominante du moment.
Sur toute la chaîne de valeur viti-vinicole, les équipes de Haut-Bailly pratiquent assidument leur philosophie ‘Kaizen’ : tout analyser, tout le temps, sous toutes les coutures et tous ensemble, afin de dégager en permanence des voies d’amélioration et d’optimisation de leurs pratiques.
Ainsi, depuis toujours, les vignes de Haut-Bailly sont cultivées sans désherbants et vendangées à la main. Le respect de l’environnement passe par l’adaptation des traitements aux conditions climatiques et sanitaires, millésime après millésime.
La conduite de la vigne est guidée par la quête du plus haut degré de qualité, à travers une succession de gestes précis : tailles douces dans le respect du flux de sève afin d’allonger la durée de vie de la vigne, éclaircissage éventuel de la récolte après la floraison.
Le domaine est partie prenante des travaux de divers groupes de recherche visant à améliorer la qualité des vins tout en diminuant l’impact environnemental de la viticulture.
Les maladies du bois, la teneur en cuivre dans les sols, la limitation des intrants phytosanitaires ou encore l’entretien des couverts végétaux sont des questions sur lesquelles tous travaillent activement.
En 2019, le Château Haut-Bailly a obtenu le label Haute Valeur Environnementale niveau 3 (HVE 3), certification attestant des actions de préservation de la biodiversité mises en place, ainsi que de l’impact maîtrisé de ses pratiques agricoles sur l’environnement.
Un patrimoine unique de très vieilles vignes
L’âge moyen des vignes du domaine est de 40 ans, et 15% des ceps sont âgés de 100 à 120 ans, faisant de Haut-Bailly l’un des vignobles les plus anciens de Pessac-Léognan. Une parcelle de quatre hectares de ces vignes plantées au tournant du XIXe et du XXe siècle constitue un véritable conservatoire de patrimoine génétique rare, avec six cépages complantés.
En août 1901, Alcide Bellot des Minières, « Le roi des vignerons » alors propriétaire du domaine, écrivait dans L’Œnophile : « Les cépages sont tous de vieilles vignes françaises, de premier choix, et dans d’heureuses proportions pour donner le maximum de qualité étant donné la nature des terrains. En voici la répartition : 1/12 de Cabernet Franc, 1/12 de Carmenère, 1/12 de Merlot, 1/12 de Malbec, 1/12 de Petit Verdot, 7/12 de Cabernet Sauvignon ».
« Labellisée par l’État Entreprise du patrimoine vivant, (depuis 2016), la propriété est entretenue par des personnes qui détiennent des savoir-faire à un haut niveau pour recréer des éléments du patrimoine vivant et qui s’engagent à les transmettre aux générations futures : Haut-Bailly, animé d’une soif inextinguible de transmission, coche toute les cases. » Génération Vignerons, 26 avril 2024
Une approche pragmatique, scientifique et centrée sur l’humain
La lutte contre le mildiou illustre cette approche sensée, solidement étayée sur des faits et des chiffres. Le mildiou exerce sa pression au printemps et au début de l’été, lorsque le temps humide favorise son apparition.
Après avoir analysé les données disponibles, et longuement échangé en équipe, il a été décidé d’opter pour un plan de traitement non dogmatique permettant de combattre la maladie sans laisser de résidu dans les raisins, un plan protégeant donc les équipes et ayant l’empreinte carbone la plus faible.
Cette approche scientifique ne vaut aucune certification, chacun est simplement heureux d’avoir agi efficacement pour le bénéfice de tous : clients, vignerons, écosystème et planète, et c’est pourquoi il a été décidé de continuer dans cette voie, sans écarter de nouvelles avancées toujours possibles.
Il faut savoir raison garder
Les bouleversements climatiques rapides tendent à polariser l’opinion au travers de prises de positions antagonistes, souvent très marquées et parfois irréconciliable : entre ceux qui rejettent tout rôle de la phytoprotection dans la conduite de la vigne, ceux qui veulent tout changer pour que rien ne change, et ceux qui ne jurent que par la technologie pour sauver la viticulture.
Doute et discernement sont au cœur de l’ADN du domaine, et ceci depuis des siècles où des générations de serviteurs de Haut-Bailly ont irrévocablement préféré le performant au performatif.
Tous se rejoignent autour d’une idée simple : « N’oublions pas que ce qui fait notre force résulte des savoirs et des savoir-faire nourris par plusieurs siècles d’observation, d’évolution des techniques viticoles, de travail du terroir et de compréhension toujours plus fine des cépages comme de l’art de la vinification ».
« Après l’esprit de discernement, ce qu’il y a au monde de plus rare, ce sont les diamants et les perles. »
Jean de La Bruyère, Les Caractères, 57,1, 1696